L’homme bon est un mutant
Qu'est ce que veut dire le « bien », qu'est-ce que veut dire le « mal ». D'où venait originellement le terme de « bon », en quoi au fil des millénaire ce terme a dévié de sa valeur première ?
Le loup a muté et il est devenu chien. L'homme sauvage d'autrefois a également muté et il est devenu un homme « bon », faisant d'ailleurs accessoirement partie, dans certains pays, d'une religion « bonne » ou d'un « axe du Bien ».
Peut-être que l'espèce humaine a même un peu muté vers l'animal utile et consommable de l'étable, ou même vers la fourmi aux lourdes mandibules ?
Le personnage de Yoda dans la grande Histoire de Star Wars, central est.
Et dixit Yoda : « Le côté obscur de la Force, redouter tu dois.» (lien)
Et toi aussi tu es un mutant
Considérons d'abord cet « homme d'aujourd'hui », dans un petit coin de sa jungle urbaine.
La vidéo suivante montre une tentative de prédation effectuée par une meute de loups urbains. Ils ne font que « pousser à la faute » et ils ne sont « jamais coupables d'agression ». Ce sont des hommes « bons » sur leur territoire, et d'ailleurs ils sont aussi loin du vrai loup que de l'homme préhistorique (mais qu'est-ce que la préhistoire si ce n’est ce que l’homme d’aujourd’hui a voulu oublier).
Maxime Gremetz bouscule un collègue socialiste : fight club en Picardie ?
Lors de la séance du Conseil régional de Picardie, le 28 avril 2008, Maxime Gremetz bouscule son collègue socialiste Gilles Séguin, qui s'écroule à terre. Le SAMU intervient même pour porter secours à l'élu socialiste et une plainte est déposée contre Maxime Gremetz.
Plus clairement, si M. Gremetz avait réellemnt bousculé un collègue, cela aurait été sans doute plus sanglant. Et on aurait probablement pas pu assister à la scène. Un mois après l'incident, la vidéo de l'agression (mais qui est agressé ?) échoue sur Dailymotion :
Scène intéressante de jungle urbaine
Tu m'en diras tant, mais tout ce que je vois sur cette vidéo, c'est d'abord un premier élu qui fait semblant de se faire pousser (il tombe de lui-même) Ensuite les autres élus, copains du premier, insultent, harcèlent, essaient d'intimider et de pousser à la faute M. Gremetz - qui semble bien complètement isolé et entouré par la meute !! !!! Et ce n'est pas une question d'étiquette politique, au contraire.
Frédéric Nietzsche (1844-1900) observe déjà cet homme devenu bon, cet homme poli comme un galet - cet homme prudent, circonspect et apprivoisé...
La conception du« bon » a changé, car les mots des hommes mutants modernes sont à leur image. Et toi aussi tu es un mutant.
Tous les passages suivants sont extraits du livre…
« La généalogie de la morale »
- de Frédéric Nietzsche
Le Bon et le méchant : l'origine guerrière de ces mots ?
« Il est vrai que, dans la plupart des cas, c'est peut-être simplement en raison de leur puissance supérieure, qu'ils se nomment eux-mêmes les « puissants », les « maîtres », les « capitaines », ou d'après les signes les plus visibles de cette supériorité, par exemple les « riches », les « possédants » (c'est là le sens de arya qu'on retrouve dans le groupe iranien et dans le slave). Mais, et c'est ce qui nous intéresse ici, ils se nomment aussi d'après un trait de caractère typique. Ils s'appellent par exemple les « véridiques » : et d'abord la noblesse grecque dont le porte-parole est Théognis de Mégare. Le mot formé à cet effet (…) signifie suivant sa racine quelqu'un qui est, qui possède réalité, qui est réel, vrai ; puis, par un glissement de sens vers la subjectivité, il désigne l'homme vrai en tant qu'homme véridique : à ce stade de la transformation du concept, le terme devient le mot d'ordre, l'insigne de la noblesse et prend tout à fait le sens de « noble » par opposition à l'homme du commun, au menteur, tel que le dépeint Théognis – jusqu'à ce qu'enfin, après le déclin de l'aristocratie, le mot finisse par ne plus désigner que la noblesse d'âme, et dès ce moment, il a mûri et s'est édulcoré. »
« Le latin malus (…) pourrait avoir caractérisé l'homme du commun comme homme de couleur foncée, surtout comme homme aux cheveux noirs (« hic niger est »), puisque l'indigène pré-aryen du sol italique tranche le plus nettement par sa couleur sur la race blonde des conquérants aryens, devenus ses maîtres ; du moins le gaëlique m'a-t-il fourni un exemple qui correspond exactement : fin (comme dans fin-gal), nom distinctif de la noblesse, qui signifie en définitive le bon, le noble, le pur, désignait à l'origine la tête blonde en opposition aux cheveux noirs. (...)
Je crois pouvoir interpréter le terme latin bonus comme « le guerrier »... »
Les aristocraties sacerdotales contre les hommes
« Il y a dès l'abord quelque chose de malsain dans ces aristocraties sacerdotales, dans les habitudes qui dominent en elles, habitudes hostiles à l'action, qui les portent tantôt à la rumination et tantôt aux explosions du sentiment, et qui ont pour conséquence une neurasthénie, une débilité intestinale, qui marquent presque inévitablement les prêtres de tous les temps ; et ne faut-il pas dire que le remède qu'ils ont eux-mêmes inventé contre leurs maladies s'est en définitive révélé, dans ses effets ultérieurs, cent fois plus dangereux encore que la maladie dont il devait les délivrer ? L'humanité entière continue à souffrir des suites des naïvetés thérapeutiques du prêtre ! »
La vengeance sacerdotale
« (...) Les prêtres, comme on le sait, sont les ennemis les plus méchants – et pourquoi donc ? Parce qu'ils sont les plus impuissants. L'impuissance fait naître en eux une haine féroce, monstrueuse, la haine la plus intellectuelle et la plus venimeuse qui soit. Les plus grands haineux de l'histoire ont toujours été des prêtres, de même qu'il n'y a pas de haineux plus intelligents qu'eux : - en comparaison avec l'esprit que peut mettre en œuvre la vengeance sacerdotale, tout autre effort de l'esprit n'entre guère en ligne de compte. L'histoire humaine serait une chose par trop stupide sans l'esprit dont les impuissants l'ont animée : - allons droit à l'exemple le plus frappant. Tout ce qui a été entrepris sur terre contre les « noble », les « puissants », les « maîtres », les « détenteurs du pouvoir » n'est rien en comparaison de ce que les juifs ont fait contre eux ; les juifs, ce peuple sacerdotal qui ne put en définitive avoir raison auprès de ses ennemis et de ses vainqueurs que par le total renversement de leurs valeurs, donc par l'acte de vengeance intellectuel par excellence.(...) »
La victoire, le butin, la séduction
(Parenthèse très personnelle parmi toutes ces citations de Nietzsche : très curieux, cette Athéna de sagesse et de guerre dans le contexte d'une société grecque si misogyne - telle que connue. Cela ne correspond pas du tout avec « le bon et la morale » de cette société antique - telle qu'on l'enseigne ici. Là non plus (lien).
Qu'est-ce que je me méfie de ces Anciens Grecs, qui prétendaient avoir tout inventé, et autres fiers-à-bras et veules. Je crois on n'a pas fait pire comme Dupont-Lajoie que ces Grecs Antiques.)
« (...) Mais vous ne comprenez pas ? Vous n'avez pas d'yeux pour quelque chose qui a mis deux mille ans à triompher ?... A cela, rien d'étonnant : tout ce qui est long est difficile à voir, à embrasser du regard. Voici pourtant ce qui s'est passé : de la souche de l'arbre de la vengeance et de la haine, de la haine juive – la plus profonde et la plus sublime des haines, créatrice d'idéaux, transformatrice de valeurs, une haine dont il n'a jamais existé la pareille sur terre – de là est sorti quelque chose d'aussi incomparable, un nouvel amour, la plus profonde et la plus sublime sorte d'amour : et de quelle autre souche aurait-il pu sortir ?... »
« Mais n'allons pas imaginer qu'il s'est développé comme la négation de cette soif de vengeance, comme le contraire de cette haine juive ! Non, c'est l'inverse qui est vrai ! Cet amour est sorti de la haine, il en est la couronne, couronne du triomphe qui grandit dans la pure clarté d'une plénitude solaire et qui, dans le royaume de la lumière et des hauteurs, poursuit les même buts que cette haine : la victoire, le butin, la séduction, du même élan qui portait cette haine avide et opiniâtre à pousser ses racines de plus en plus loin dans tout ce qu'il y avait de ténébreux et de méchant. Ce Jésus de Nazareth, incarnation de l'évangile de l'amour, ce « rédempteur » apportant la félicité et la victoire aux pauvres, aux malades, aux pécheurs – n'était-il pas justement la séduction sous sa forme la plus inquiétante et la plus irrésistible, la séduction qui, par des voies détournées, conduisait justement à ces valeurs et à ces innovations judaïques de l'idéal ? Israël n'a-t-il pas atteint par la voie détournée de ce « rédempteur », qui semblait s'opposer à Israël et vouloir sa dispersion, le but ultime de sa sublime rancune ? A quelle magie noire et cachée d'une politique de vengeance vraiment grandiose, d'une vengeance prévoyante, souterraine, capable de toute lenteur dans ses calculs et ses progrès n'appartient pas le fait qu'Israël ait dû lui-même renier et mettre en croix à la face du monde entier, comme s'il s'agissait d'un ennemi mortel, celui qui était en réalité l'instrument de sa vengeance, en sorte que le « monde entier », c'est-à-dire tous les adversaires d'Israël, pût sans hésiter mordre à cet appât ? Et pourrait-on d'ailleurs imaginer, en faisant appel à tous ces raffinements de l'esprit, un appât plus dangereux ? Quelque chose qui égalerait en charme, en puissance d'enivrement, d'étourdissement, de corruption ce symbole de la « sainte croix », cet horrible paradoxe d'un « Dieu mis en croix », ce mystère d'une inimaginable, ultime, extrême cruauté, Dieu se crucifiant lui-même pour le salut des hommes ?... Du moins est-il certain que sub hoc signo la vengeance d'Israël et son renversement de toutes les valeurs ont jusqu'à présent triomphé de tout autre idéal, de tout idéal plus noble. (...) »
Une condition d'existence de premier ordre
« Tandis que l'homme noble est plein de confiance et de franchise envers lui-même (…) (« noble de naissance » souligne la nuance de « franchise » et peut-être celle de « naïveté »), l'homme de ressentiment n'est ni franc, ni naïf, ni honnête et sincère envers lui-même. Son âme louche ; son esprit aime les repaires, les détours et les portes dérobées, tout ce qui est dissimulé de nature le touche comme son monde à lui, sa sécurité, son réconfort ; quant à se taire, à ne pas oublier, à patienter ; à se faire momentanément petit, à s'humilier, il s'y entend à merveille. Une telle race d'hommes du ressentiment finira nécessairement par être plus circonspecte que n'importe quelle race noble, elle honorera la circonspection dans une tout autre mesure : à savoir comme une condition d'existence de premier ordre (…) »
[…et à l'inverse…] « Ne pouvoir prendre longtemps au sérieux ni ses ennemis, ni ses échecs, ni même ses propres méfaits – voilà le signe des natures fortes et accomplies auxquelles une surabondance de force plastique permet de se régénérer, de guérir, de même d'oublier (…) »
« Combien profond est le respect que porte à ses ennemis l'homme noble – et un tel respect est déjà un pont vers l'amour… L'homme noble exige que son ennemi lui soit comme une distinction, il ne supporte pas d'autres ennemis que celui chez qui il n'y a rien à mépriser et beaucoup à vénérer ! Que l'on se représente au contraire « l'ennemi » tel que le conçoit l'homme du ressentiment et nous tenons là son exploit à lui, sa création : il a conçu « l'ennemi méchant », « le méchant », comme principe, à partir duquel il imagine par imitation et comme antithèse un « bon » - lui-même !.... »
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Ce n'est pas le même concept de « bon »
« Tout se passe donc à l'inverse de ce que nous voyons chez l'homme aristocratique, lequel conçoit d'abord et spontanément, c'est-à-dire à partir de lui-même, le principe de « bon » pour se faire seulement ensuite une idée de « mauvais » ! Quelle différence entre ce « mauvais » d'origine aristocratique et « méchant » brassé dans la cuve d'une haine inassouvie – le premier une création seconde, un accessoire, une couleur complémentaire, le second, au contraire, l'original, le commencement, l'acte véritable dans la conception d'une morale des esclaves : combien différents sont ces deux mots, « mauvais » et « méchants », opposés tous deux apparemment au même concept de « bon ». Mais ce n'est pas le même concept de « bon » (…) »
L'homme apprivoisé, irrémédiablement médiocre et désolant
« On a peut-être parfaitement raison de ne pas cesser de craindre la brute blonde qui est au fond de toutes les races aristocratiques et de rester sur ses gardes : qui, cependant ne préférerait pas mille fois trembler de peur s'il peut admirer en même temps, plutôt que de ne pas avoir peur et en même temps ne plus pouvoir échapper au spectacle écoeurant qu'offrent les malvenus, les diminués, les étiolés, les intoxiqués ? Et n'est-ce pas là cependant notre funeste destin ? D'où vient aujourd'hui notre aversion pour « l'homme » ? – car cela ne fait pas de doute, l'homme est pour nous une cause de souffrance. – Ce n'est pas de la crainte ; c'est plutôt que nous n'avons plus rien à craindre de l'homme ; que la vermine « homme » grouille au premier plan ; que l' « homme apprivoisé », irrémédiablement médiocre et désolant a appris à se considérer comme but et fin, comme sens de l'histoire (…) »
« Aujourd'hui, nous ne voyons rien qui veuille devenir plus grand, nous pressentons que tout va s'abaissant, s'abaissant toujours, devient plus mince, plus inoffensif, plus prudent, plus médiocre, plus insignifiant, plus chinois, plus chrétien – l'homme, il n'y a pas de doute, devient toujours « meilleur »… Tel est le funeste destin de l'Europe – ayant cessé de craindre l'homme, nous avons du coup cessé de l'aimer, de le vénérer, d'espérer en lui et même de le vouloir. Désormais le spectacle qu'offre l'homme fatigue – qu'est-ce aujourd'hui que le nihilisme, sinon cela ?... Nous sommes fatigués de l'homme… »
Conclusion à ces extraits de Frédéric Nietzsche :
(Considérations d'un honnête pirate neutre (lien))
Les citoyens commencent même à organiser les mères porteuses et les futures matrices artificielles - afin de « devenir tous enfin frères ». Dans les fourmilières ultramodernes, l'individu peut enfin espérer faire oublier qu'il est irrémédiablement médiocre et désolant.
Frédéric Nietzsche n'a pas tord, l'homme est comme fatigué de lui-même. Personnellement, la seule chose qui me fasse encore peur chez l'homme, c'est la foule. Et à bien y regarder elle n'est pas vraiment belle (mais l'a-t-elle jamais été ?).
Le Bon, la Brute et le Truand – si tu as vu le film de Sergio Leone, qui ne se résume pas à cet extrait culte – ce n'est peut-être pas toute la réalité, mais c'est un peu ma conception du monde. C'est la tienne aussi ?
Ainsi parle Lao-Tseu, dans le « Tao Tê King » (traduit par Richard Wilhelm et Etienne Perrot) :
« En d'autres termes, après l'oubli de la nature avec ses instincts naturels bons, vinrent les principes artificiels palliatifs de ce déficit ; lesquels sont, dans l'ordre descendant, la bonté, l'équité, les rites et les lois » (lien)
Et en ce qui me concerne, c'est dit sans cynisme : (lien).
Pourquoi tu mets un point d'interrogation et c'est pas fini ... moi non plus ?
Odal GOLD