USA - L'océan de bondieuseries et les hommes mauvais

 

 

Marianne no 591  

 

 

 

Un îlot de laïcs dans un océan de bondieuseries

 

 

      « (…les USA) Le plus grand pays laïc au monde, doté d'une Constitution proscrivant formellement toute religion d'Etat, n'élit que des dirigeants apparemment ravis de mettre en scène leur piété. Dans un temple ou dans une église. Et quand il faut citer le nom d'un élu du Congrès ouvertement athée, c'est toujours le même : le vieux démocrate Peter Stark, Californien de 77 printemps, membre de la chambre des représentants depuis 1973. Explication simple : 7 Américains sur 10 veulent un président affichant de solides convictions religieuses. C'est sondé, mesuré, acté et aucun homme politique d'envergure ne se risquerait à naviguer à contre-courant. Argument plus étoffé : jurer sur la Bible et placer le pays sous la bénédiction de Dieu relèverait d'une démarche culturelle plus que véritablement culturelle. « N'empêche, constate Eddie Tabash, célèbre avocat de Los Angeles, dans quelques mois mes compatriotes porteront peut-être un Noir à la tête de la nation et, qui sait, peut-être un jour éliront-ils un jour un homosexuel… ou une femme. Mais un athée ou un agnostique, ça jamais, il ne faut pas se faire d'illusion », estime ce libéral...

 

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     Tabash appartient à cette « grosse minorité » des 30 millions d'américains - fourchette basse - qui se déclarent non croyants et, pour certains, militent dans une myriade d'associations comptant quelquefois moins d'une dizaine de membres. Le Center For Inquiry qu'il a rejoint en 1995 a des relais dans tout le pays et mise sur les vertus de la pédagogie pour faire passer son message laïc et humaniste. De temps en temps, habillé de vestes cintrées et de grosses cravates, l'avocat Tabash s'en va prêcher la bonne parole dans les facs où il doit affronter les jeunes militants très organisés de Campus Crusade For Christ, une organisation évangélique tentaculaire, aux budgets réputés plus que confortables.

 

 

 

 

     Autre figure du camps laïc, athée virulent et volontiers provocateur, le biologiste Paul Zachary Myers croise lui aussi régulièrement le fer avec les nouveaux croisés qui rêvent de rechristianiser l'Amérique. On le rencontre fin mai à Berkeley, le plus prestigieux campus de l'université de Californie, où il s'apprête à donner une conférence. La bête noire de la droite chrétienne a le costume de velours bien repassé, mais l'œil malicieux d'un blogueur connu dans tout le pays : « Ma notoriété tient au fait que je dis tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : la religiosité du système américain est insupportable ! La promotion des valeurs religieuses a pris une tournure complètement idéologique et quiconque émet des réserves se retrouve suspecté d'antipatriotisme. Où va-t-on ? »

 

 

 

 

Non-pratiquants ostracisés

 

     Quand il n'est pas sur les routes ou en meeting, Myers enseigne à l'université de Morris, un bled paumé du Minnesota où afficher son athéisme ne constitue pas forcément le meilleur moyen d'enrichir sa liste d'amis. « Parce qu'elle n'allait pas à l'allait pas à l'église, ma cadette a été ostracisée à l'école élémentaire, certains la traitaient même de sorcière. Moi on m'a fait clairement comprendre qu'il était inutile de me présenter aux élections du conseil d'école, je n'avais aucune chance. » Myers, que son apparente urbanité n'empêche pas d'être têtu comme une mule, n'a pas cédé un pouce de terrain aux bigots. Mais ailleurs, dans l'Oklaoma par exemple, le maire d'une bourgade sans histoire suggère à une famille de quitter la ville en se plaignant de son athéisme trop voyant. Pour les mêmes raisons, un étudiant du New Jersey doit encaisser les insultes répétées d'un enseignant avant de l'enregistrer sur un petit magnétophone puis de porter plainte. L'humoriste Kathy Griffin a, elle, failli mettre sa carrière en danger pour une malheureuse plaisanterie lors d'une remise de prix à l'automne 2007. Souhaitant moquer l'hypocrite bondieuserie des comédiens qui remercient le Tout-Puissant à la moindre récompense, la jeune femme lâche devant les caméras de télévision : « Et je tiens à préciser que Jésus n'est absolument pour rien dans ce succès… » Lynchage médiatique immédiat. Même sur le front irakien, confesser son athéisme constitue un facteur aggravant, comme l'a appris à ses dépends le soldat Jérémy Hall, menacé de mort par ses camarades pour avoir refusé de participer à une prière !

 

     Plusieurs sites, tel celui de la féministe Margaret Downey, présidente de l'Alliance internationale des athées, recensent ce genre de mésaventures qui ne se limitent pas aux Etats de la fameuse « Bible Belt ». Mais les cas de véritable discrimination restent rares et Meyers reconnaît qu'ils entretiennent la flamme d'un combat pas toujours facile : il faut la foi aussi pour ceux qui n'en ont pas…

 

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     En réalité, voilà maintenant près de cinquante ans qu'ils attendent un successeur à J.F. Kennedy, un catholique certes, mais dont les laïcs américains s'échangent comme une précieuse relique un certain discours tenu le 12 septembre 1960 à Houston : « Je crois dans une Amérique qui n'est ni catholique, ni juive, ni protestante, une Amérique où aucun responsable public ne prend ou ne donne des ordres auprès du pape, du Conseil national des Eglises ou de toute autre institution religieuse. Je crois en un président dont les opinions religieuses relèvent de ses affaires privées. » Rien de révolutionnaire. « L'esprit même de la Constitution », rappelle Eddie Tabash. Mais une sorte de « paradis » perdu au regard de l'enfer vécu sous les administrations de Ronald Reagan et de Bush Jr. Par conviction, autant que par calcul électoraliste, l'ancien acteur de série B comme plus tard après lui l'alcoolique repenti devenu « Born Again Christian » ont adoubé les mouvements évangéliques les plus conservateurs, ceux qui militent pour l'introduction de la prière et des thèses créationnistes anti-Darwin au sein de l'école. En vain pour l'instant. »

 

 

                      

 

                      

 

 

Mon commentaire ?

 

     Cet article de Marianne parle du citoyen moyen qui est le ciment de la société américaine. Le bonheur y serait la conclusion d'une socialisation réussie. Réussir consisterait à accumuler beaucoup d'argent et à prier avec les autres le dieu jaloux.

 

     Si tu revendiques quelque droit à la paresse – si tu es un « révolté » –  tu risques de finir dans les cales de ces navires de la marine américaine qui croisent maintenant incognito dans les eaux internationales, et qui ont remplacé Guantanamo. Tu y sera torturé, scientifiquement déstructuré et on te recréera un nouveau Moi.

 

 

     Etre constamment « positif » et réceptif à ceux qui contrôlent nos vies grâce à l'argent et à la foi. Le rêve Américain, c'est de ne rêver qu'à devenir comme ceux là, et de ne plus s'aimer qu'à travers eux.

 

     Ces gens seraient moins bien que la société qui les régit officiellement ? Certains diraient que les Etats-Unis sont en train de devenir une théocratie. Peut-être qu'effectivement, ils n'auront pas besoin de changer leur « Constitution » pour cela.

 

     « Un fait doit être familier à tous ceux qui ont quelque expérience de la nature humaine : un homme sincèrement religieux est souvent un homme excessivement mauvais. »

 

                                                                            Winwood READE (1872)

                                                                            (voir La Poétesse et les Gogos)  

 

 

     Et retiens bien ça de moi :                                                     

     Les autres, moi, les agnostiques, les païens, les athées, les sceptiques, les libertins, les ascètes, les lubriques et les sans-opinions, ils ne sont pas toujours meilleurs. 

 

 

 

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29/08/2008
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