Le règne de la quantité




La richesse des peuples appréhendée par le seul prisme économique

 

 

 

En 1949, Harry Truman universalise la notion de pays sous-développé. Dès lors, la richesse des peuples n'est plus appréhendée que par le prisme économique. En oubliant l'humain. [*]

 

 

 

 

« Le 20 janvier 1949, le président Harry Truman, successeur de Franklin Roosevelt, prononce le discours d'investiture de son deuxième mandat à la maison blanche. (…)

Le président américain prononce alors des mots qui, à défaut d'être bien connus, changeront la face du monde : « Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des pays sous-développés. » [*]

 

 

 

 

C'était la première fois qu'était employé publiquement l'expression de « sous-développé » (underdeveloped) à propos de pays qui n'aient pas atteint le niveau économique et technique des pays occidentaux. (…) »  [*]

 

 

 

Monde de la quantité

 

 

« Certes, l'idée de sous-développement en rabat sur l'orgueil dont l'Occident avait fait preuve au 19ème siècle avec son idéologie du progrès et sa fameuse « mission civilisatrice » destinée à justifier les entreprises coloniales. Mais d'un autre coté, elle exprime une violence symbolique qui, pour être moins visible que la violence de la répression et de l'exploitation, n'en est pas moins réelle. Avec le « sous-développement », ce qui faisait la richesse des différents peuples, avec leurs histoires et leurs cultures, passe à la trappe au profit de la seule comptabilité économique. On passe d'un monde de la qualité à un monde de la quantité. Le produit national brut par tête s'imposera comme une formidable machine à écraser les peuples et leurs traditions. Parfait exemple de transformation du réel par le regard porté sur lui : l'idéologie du développement va faire basculer toutes les économies traditionnelles du coté du sous-développement. Certes, celui-ci correspond bien à une réalité particulièrement tragique : la faim, le taux élevé de mortalité infantile, l'analphabétisme ne sont pas des idées mais des faits. Cela dit, ces faits sont idéologiquement construits et économiquement déterminés. (…) Le capitalisme n'a pas fait que gagner à lui, comme Marx fut le premier à le voir, le marché mondial. Il a partout imposé ses règles et ses normes. (…) » [*]

 

 

    Je ne suis pas un  relativiste culturel : certaines cultures me paraissent bien plus « belles »  et bien plus foisonnantes que d'autres. Mais parfois ce que j'y trouve de si beau, et en particulier en Occident, se définit par une poignée de coquillages bariolés abandonnés des poches de quelques Robinson.

 
 

     Il y a un mode de vie plaisant à défendre – pour soi-même déjà.

 

     Il y a le courage physique qui permet aussi l'aventure, la liberté, et même la pensée tout simplement.

 

 

     Il y a la si vaste culture encyclopédique qu'on peut aimer comme on aime tout simplement la musique d'un si grand univers.

 

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« Même les plus farouches défenseurs de l'ordre, c'est-à-dire du désordre du monde, s'en sont rendu compte : la seule considération du produit intérieur brut par habitant aboutissait à un classement en trompe l'œil. Des pays très riches en matières premières pouvaient être bien placés tandis que leurs peuples végétaient dans la misère. Le cas du Gabon, récemment mis sous les projecteurs de l'actualité à l'occasion de la mort d'Omar Bongo, est à cet égard exemplaire jusqu'à la caricature. Inversement, des pays comme Cuba et des régions comme le Kerala, en Inde, bien que mal placés sur l'échelle du produit intérieur brut par habitant, présentaient un degré de développement en matière d'éducation et de santé dont il n'était pas tenu compte (mais justement, il s'agissait de cacher ce que pouvait avoir de bénéfique des politiques communistes). C'est pour corriger cette anomalie qu'en 1990, sous l'influence des travaux de l'économiste Amartya Sen, le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) publia un rapport sur le développement humain dans lequel on trouve pour la première fois l'indice de développement humain (IDH), qui a fini par remplacer le produit intérieur brut par habitant. Certes, on ne sortait pas de la mythologie du développement, mais du moins on prenait conscience qu'il y avait autre chose que la moyenne du revenu pour définir une vie humaine acceptable. (…) »  [*]

 

 

 

   Leurs rêves sont ainsi faits

                                                         

     Le paradoxe est que, avec les plus riches qui y trouvent leur intérêt matériel et la caution morale à l'asservissement qu'ils imposent – c'est surtout l'électorat et les foules des plus vieux et des plus pauvres qui y « croient » le plus. C'est qu'ils sont la quantité, et qu'ils veulent son règne.

 

 

     Leurs rêves sont ainsi faits :

 

     « Demain les plus moches des grenouilles seront toutes changées, par le pouvoir du Flouze et de l'escarcelle, en princesses bistourisées et maquillées par des souris ou des robots transformées en valets « classe Karl Lagerfeld ».

 

     Et leur Prince viendra dans sa citrouille changée en Porsche, qu' « ils » choisiront pour les représenter (pardon, pour les épouser) et les aimer tels qu' « ils » sont (« ils » ou « elles », même cette dichotomie ne posera plus un problème). »

 

 

 

 

     Quand je les regarde « comme ça », parfois les « citoyens » me disent aussi :

 

     « Mais nous aimons nos princes et nos princesses, qui sont à notre image tellement « people » (et effectivement, même le nom donné à leurs « élites » est révélateur) ! Mais ne nous enlève donc pas nos rêves et nos illusions ! »

                                                                                                                                   

     Je t'assure, ils s'y voient déjà, l'indice de développement humain (l'IDH de Amartya Sen) n'y changera rien et ils ne rêvent pas du tout d'une « vie humaine acceptable ».    

 

     Depuis toujours ils veulent tout et leur confort.

 

 

     Et il n'y a rien à attendre de meilleur ni de plus beau de leur part.

 

     Retiens bien cela de moi. C'est que les foules ne sont pas comme les enfants, elles ne grandissent jamais que par la quantité.

 

 

     Et c'est que pour parler ainsi, je me prends parfois pour un Robinson, avec des coquillages bariolés dans les poches.

 

 

 

 

Gorgés à l'entonnoir

 

     Le Pèze, le Fric, le saint bénéfice sont devenus notre seul critère pour juger du vivant et de l'invisible. Malgré les apparences d'esprit vaste et tolérant (mais c'est que de la guimauve) de l'Occident – les masses ont besoins d'idées simples et dures comme des matraques ou des fusils – pour être tous ensembles heureux. Le rêve américain d'Harry Truman est une de ces idées simples.

 

     C'est d'ailleurs en Occident plus qu'ailleurs, ce me semble, qu'on souffre le plus de cette obsession.

 

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      J'aime l'argent et tous les trésors mystérieux qui peuvent se cacher derrière les portes qu'il ouvre, mais peut-on définir tout le vivant seulement par rapport à l'argent ?

 

       >> Certains pensent que oui.

 

 

     Il m'arrive d'écouter en voiture un certain nombre de radios et cela de manière plutôt variée et éclectique, du Jazz, de la Pop Musique, de la culture, des infos et j'en passe – et le plus souvent j'en arrive à la même constatation… Il m'arrive par exemple d'écouter « Radio Classique » pour la musique, ben oui : quand la musique cesse, on y a droit à un festival de prières, d'odes et de louanges à l'actionnaire, au propriétaire, au patron et plus simplement au compte bancaire, à l'ardoise, au pognon, à l'oseille (comme si ce qui est beau ne pouvait appartenir qu'à l'élite – actuellement financière). Pareil, j'ai remarqué que sur I-Télé, BFM-télé, etc., etc., « le CAC 40 et la bourse » constituaient l'ultime vérité de chaque news. En fait… à bien y regarder… question média, c'est plutôt l'inverse qui est l'exception – surtout si l'on considère les km de Pubs marchandes, vénales, hypnotiques, intéressées – qui parlent d'affaires « malin », de ristournes, de gorger le citoyen comme on nourrit les oies d'élevage avant de les égorger : à l'entonnoir.

 

 

 

                                              Odal GOLD

 

                                                                          www.odalgold.com

 

 

 

                                                                             [*] Marianne no 636

 

 

 

 



22/10/2009
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