Cette dictature des Corporations (Joel Bakan)





La dictature des Corporations (C'est à dire les grandes entreprises, les Multinationales) s'installe doucement...

 

 

             « Peu après son accession à la présidence des États-Unis, au printemps de 1933, Franklin D. Roosevelt lance le New Deal, un important ensemble de réformes, de lois et de mécanismes de réglementation. Ces mesures renforcent entre autres le contrôle gouvernemental sur les banques et les grandes entreprises. Le New Deal repose en effet sur la conviction que la crise des années 1930 ne peut se résoudre que si la « main invisible » du marché cède la place à la main plus visible et plus clémente du gouvernement. Roosevelt fait ainsi voter des lois qui accordent aux travailleurs de nouveaux droits et de nouvelles garanties, qui allègent la dette des agricultures et qui exigent transparence et équité de la part des investisseurs. Voici comment il décrira plus tard ces mesures :



 

            Le mot « donne » (deal) signifiait que c'était le gouvernement lui-même qui allait intervenir pour atteindre ses objectifs au lieu d'attendre passivement que les lois générales de l'économie s'en chargent. Le mot « nouvelle » (new) signifiait qu'un nouvel ordre social, profitant à la grande masse de nos agriculteurs, de nos travailleurs et de nos entrepreneurs, allait remplacer un système de privilèges qui suscitait un sentiment de dégoût généralisé dans la nation. Nous ne voulions pas nous contenter d'aspirer à des idéaux [constitutionnels]. Nous allions nous servir des instruments et des pouvoirs dont disposait le gouvernement pour les réaliser. Parce que le système américain affirmait l'importance de la protection des citoyens contre les abus du pouvoir économique privé, le New Deal allait s'attacher à infléchir ce

dernier.

 

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             Et c'est que fait le New Deal : il réduit les libertés et les pouvoirs des corporations (dans le sens anglo-saxon : les grandes société, les grandes entreprises). Jugeant qu'il s'agit du seul moyen de sauver le capitalisme, d'endiguer les luttes syndicales et d'en finir avec la dépression, de nombreux chefs d'entreprise se rangent du coté de Roosevelt. D'autres, par contre, l'accusent de vouloir saper les fondements du capitalisme américain. Parmi ces gens d'affaires se forme le petit groupe qui tentera de le renverser.

 

            (…) dont MacGuire qui explique à Butler que le plan de ses partisans est de créer l'équivalent des Croix de Feu (l'organisation française dont Butler a oublié le nom) et de placer le général à leur tête. Soutenu par une puissante armée, le général Butler aurait ensuite exigé de Roosevelt la création du poste de secrétaire des Affaires générales – lequel aurait été l'adjoint du président -, et d'y être nommé. Une fois en poste, Butler aurait pris le commandement de la nation en prétextant la mauvaise santé du président. En cas de refus de Roosevelt, le plan prévoyait que l'armée de Butler renverse le gouvernement. Le journaliste Paul Comly french, qui s'est entretenu avec Macguire, corrobore le récit du général.

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            (…)MacGuire se vante aussi à Butler de disposer d'assez d'argent pour former et armer un groupe d'anciens combattants : des liquidités de 3 millions et une réserve de 300 millions. Il ajoute que ses partisans se sont déjà mobilisés pour mettre sur pied une organisation qui fournira secrètement l'appui logistique et financier nécessaire à l'exécution du complot. Trois semaines plus tard, on annonce la fondation de l'American Liberty League, association qui se donne officiellement pour mandat « de combattre le radicalisme, de promouvoir le respect des droits de la personne et de la propriété et, de manière générale, d'encourager la libre entreprise ».

 

            (…)Mais les comploteurs ont commis une erreur fatale en s'adressant à Butler. « Un invraisemblable manque de flair les a amené à le choisir », explique Jules Archer dans The Plot to Seize the White House. Mais le complot et les hommes qui le soutiennent représentent tout ce que Smedley Butler méprise le plus au monde. Les années qu'il a passées à l'étranger à faire la guerre lui ont appris certaines choses. Il a notamment fini par être convaincu que la guerre n'est que le prolongement des stratégies et de l'avidité des grandes entreprises, et qu'il n'a jamais combattu que pour cet idéal douteux qu'est le profit. Le 21 août 1931, deux ans avant sa rencontre avec MacGuire, Butler a stupéfié l'auditoire d'un congrès de la Légion américaine qui se tenait au Connecticut en lançant ces phrases cinglantes :

 

            « J'ai consacré 33 ans de ma vie…à jouer des muscles pour les grosses boîtes, Wall Street et ses banquiers. J'ai été un racketteur à la solde du capitalisme. De 1909 à 1912, j'ai contribué à nettoyer le Nicaragua pour le compte de l'institution bancaire des Brown Brothers. En 1916, j'ai aussi  été de ceux qui ont ramené l'ordre en République dominicaine pour permettre aux compagnies de mon pays de protéger leurs intérêts dans le marché du sucre. Je suis allé à Haïti et à Cuba pour aider les grosses têtes de la National City Bank à récolter des revenus décents. J'ai participé au pillage de quelques républiques d'Amérique centrale au profit de Wall Street... J'étais en Chine en 1927 pour assurer la sécurité de la Standart Oil. J'avais un racket florissant. J'ai obtenu des honneurs, des médailles, des promotions…J'en savais plus qu'Al capone. Tout ce qu'il pouvait faire, lui, c'était racketter dans trois villes. Nous, les Marines, on travaillait sur trois continents. »

 

 

       

 

           Butler n'était donc pas disposé à ajouter les États-Unis à la liste des pays qu'il avait obligé par la force à souscrire aux intérêts des corporations américaines. Le 20 novembre 1934, à New York, il révèle l'existence du complot durant une réunion secrète de la Commission parlementaire sur les activités anti-américaines. Il possède suffisamment de renseignements et a pris soin de faire concorder les faits dont il a eu connaissance avec l'information recueilli par Paul french, qui témoigne également devant la commission. Celle-ci atteste la véracité des éléments essentiels de son récit et présente ses conclusions à la Chambre des représentants le 13 février 1935 (…)

 

 

             Soixante-dix ans plus tard, une minorité, elle aussi bien organisée, menace de nouveau la  démocratie. L'Amérique des corporations (dans le sens anglo-saxon : les grandes entreprises, les grandes sociétés capitalisées) s'emploie depuis une vingtaine d'années, lentement mais sûrement, à mettre le gouvernement à sa main.


             Par des moyens moins spectaculaires mais beaucoup plus efficaces
qu'autrefois. Sans effusion de sang, sans arme, sans dictateur, et avec des dollars à la place des balles, les corporations (c'est à dire les grandes entreprises, les multinationales) sont en train de réaliser le rêve des comploteurs : s'affranchir de tout contrôle démocratique. »          

 

 

 

J'ai puisé ce conte édifiant, vrai et démocratique dans

« Psychopathes et Cie » de Joel Bakan, qui est un livre qui gagne à être lu.

 

 

 

 

                                              Odal GOLD

 

 

 

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PS :

 

Pour donner un ordre d'idée, aujourd'hui, les 500 premières Transnationales - telle la multinationale Nestlé – gagnent 52 % de tous les revenus du monde.

 

 

 



11/05/2007
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