Il nous arrive aussi de grandir (Naomi Klein – La Stratégie du Choc)




      Cette société mercantile, notre fourmilière ultramoderne, peut démontrer une « dureté irrationnelle » et un visage terrifiant. L'idéologie des « droits de l'homme » est juste là, éventuellement, pour infantiliser un peu plus l'éternel « enfant consommateur » et détourner ses yeux de la réalité.

 

 

Une manipulation sociale parfois douloureuse :

 

    D'après Gordon Thomas (Les armes secrètes de la CIA), les gens de la CIA prenaient d'anciens nazis et des communistes. Ils torturaient les hommes – et parfois des femmes 

- pour en savoir plus sur leurs activités. Quand ils les avaient suffisamment torturé pour ne plus rien attendre d'eux, les « sujets jetables » étaient bourrés de drogues et d'agents biologiques. S'ils survivaient mais ne pouvaient plus servir à rien pour ces expériences terminales, on les tuait.

 

      Mais les gens de la CIA kidnappaient aussi des citoyens ordinaires dans des planques à l'aide de prostituées. Ils les torturaient en Allemagne, en Angleterre, au Canada ou dans d'autres centres secrets du monde entiers.

 

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Oeil, bouche, oreille - Pixabay (lien)

 

 

       Ces cobayes étaient aussi appelés des « sujets jetables » et effectivement une fois qu'on les avait torturé et pratiqué sur eux des expériences diverses – on les liquidait et on les faisait disparaître.

 

     Il y avait aussi des expériences dans des universités américaines où les étudiants étaient « testés » à leur insu, des prisons ordinaires qui fournissaient les cobayes (au minimum des milliers), les asiles psychiatriques, dans les grandes villes où on faisait des expériences sur les citoyens lambda également à leur insu.

 

    Les savants britanniques, dont le docteur William Sargant en liaison avec la CIA, faisaient aussi des expériences secrètes terminales sur le lavage de cerveau à Porton Down et dans plusieurs autres centres. Il y avait des centaines de milliers de « sujets jetables » (j'insiste sur l'appellation, qui est déjà  en soi tout un programme).

 

 

« La C.I.A, au moment où elle développait ses programmes de torture, expérimentait tout aussi secrètement des techniques de guerre biologiques. (…)

Grâce à des aérosols, des bactéries vivantes avaient été pulvérisées sur San Francisco. Les habitants développèrent alors des symptômes de type grippal. Beaucoup furent hospitalisés ; plus tard, plusieurs dossiers furent attribués à cette expérience. Les cas en question furent à l'origine d'un procès contre le gouvernement mais l'affaire resta sans suite. » [1]

 

     L'un des médecins de la CIA retient particulièrement l'attention de Gordon Thomas dans son livre « Les armes secrètes de la C.I.A – tortures, manipulations et armes chimiques » : le bon docteur Gottlieb.

 

« Le docteur Gottlieb avait l'art et la manière de dissimuler et en tirait une grande fierté. (…) Gottlieb était le type même du scientifique qui pervertit la science pour rendre ce monde un peu plus inhospitalier. (…) Certaines des victimes du docteur Gottlieb sont mortes. D'autres ont perdu l'esprit. Plus nombreuses encore sont celles qui ont subi des dommages psychologiques irréversibles. Les expériences qu'il faisait ou qu'il ordonnait à d'autres d'effectuer constituaient une insulte, et même une subversion, envers le concept même de l'éthique médicale. » [1]

 

 

 

    Déjà juste avant l'ère Reagan, une commission américaine (la commission Rockefeller) avait essayé de mettre de l'ordre dans toute cette horreur.

 

« Reagan, prenant la défense de l'Agence, proclama que « dans une administration qui compte près de seize mille personnes, il y a forcément des gens qui commettent des erreurs et font des choses » qu'elles ne devraient pas faire ».

Plus tard, pendant un dîner avec William Casey (le futur directeur de la CIA), Reagan jura que si jamais il était élu à la présidence, il s'assurerait que la CIA ne soit jamais amené à se battre avec les mains liées. Au contraire, il lui lâcherait la bride pour qu'elle puisse faire la guerre à l'ennemi – quel qu'il soit, qui que ce soit, et par les moyens de son choix. » [1]

 

     Au 21ème siècle, cela continue donc de plus bel. Et effectivement.

 

 

 

Comment grandir – vite

(Mémoire post-traumatique et nouveau récit)

 
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     Parfois donc,  les traumatismes, infligés par la société mercantile à ceux qu'elle ne peut digérer, sont particulièrement féroces.

     Ce qui suit pourrait bien servir un jour, notamment,  à tous les « hérétiques » de l'Empire Mercantile.

 

     Pour arriver à une pleine conscience de soi-même et de son environnement, on peut se servir de l'introspection et de son résultat : l'assimilation du « symptôme post-traumatique » grâce à la mémoire et à un nouveau récit.

 

 

Extrait de « Naomi Klein – La Stratégie du Choc » :

 

     « Toute stratégie visant à exploiter une brèche ouverte par un choc traumatisant mise lourdement sur l'effet de surprise. Par définition, l'état de choc est un moment marqué par un fort décalage entre des évènements qui se précipitent et l'information dont on dispose pour les expliquer.

 

     (…) Dès que nous disposons d'un récit capable d'expliquer ces évènements choquants, nous retrouvons nos repères et le monde a de nouveau un sens.

     Les interrogateurs de prisonniers, qui ont pour but de provoquer les chocs et la régression, comprennent bien cette dynamique. C'est pour cette raison que les auteurs des manuels de la CIA recommandent de couper les détenus de tout ce qui peut les aider à constituer un nouveau récit – les témoignages de leurs sens, les autres prisonniers, même les communications avec les gardiens.

 

 

 

     (…) Nous ne réagissons pas toujours aux chocs en régressant, il nous arrive aussi de grandir – vite.

 

     (…) Les artisans de la thérapie de choc ont tous pour but d'effacer la mémoire. La mémoire, personnelle et collective, est, en définitive, le meilleur amortisseur de choc qui soit. » [2]

 

 

C'est pour cela que je veux grandir :

 

     La science dite moderne considère l'homme autant que le moyen âge considérait l'univers : plat, borné, fini, régenté. L'univers n'est pas plat et il est infini. Nous sommes juste des animaux un peu pointus, je ne fais pas d'anthropomorphisme, et le moindre brin d'herbe doit échapper quelque part à nos « scientifiques ». Qu'est-ce que l'infini ? Ce qui est plus vaste que tout ce que je peux vraiment concevoir, imaginer et savoir.

 

     C'est pour cela qu'il y aura toujours de la peur et des traumatismes. C'est pour cela qu' « il nous arrive aussi de grandir – vite ».

     C'est pour cela aussi que parfois même le temps est relatif et qu'il y aura toujours de l'espoir.

 

 

 

                     Odal Gold    www.odalgold.com

 

 

 

 

                                          [1] Extraits du livre :

                                                « Les armes secrètes de la C.I.A » – tortures, manipulations et      

                                          armes chimiques – de Gordon Thomas (Points)

 

                                               [2] Extrait de « Naomi Klein – La Stratégie du Choc » 

 

 



21/10/2009
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