L'idéologie des entreprises invite à des excès (Joël BAKAN)

 

           [(…) Pour ce qui est de l'habitation, les quartiers protégés, séparés des quartiers voisins par des clôtures, se multiplient. Quatre millions d'Américains vivent dans ces zones résidentielles, qui sont régies par toutes sortes de clauses d'utilisation des lieux et des services. Selon une étude, ces endroits fortifiés représentent une « tendance [qui est] hostile au contrôle gouvernemental de l'utilisation des terres et de la distribution des services et [qui est] favorable à un accroissement de la supervision et des services offerts par le privé ». Ils constituent un moyen nouveau et plus puissant d'exclure les personnes et les activités indésirables du cercle des citoyens assez riches pour s'offrir plus de sécurité et d'intimité ». Quand les rues des villes sont remplacées par des passerelles et des tunnels privés, quand des centres commerciaux se dressent au cœur des villes de banlieue et quand ces quartiers se transforment en forteresses, on peut raisonnablement affirmer que l'espace public est devenu un enjeu commercial.

 

            (…) « Pour l'essentiel, la corporation (dans le sens anglo-saxon : la grande entreprise) a remplacé l'Église comme institution définissant les identités, affirme le placeur Michael Moe, des écoles privées Edison. Et elle exige la même chose que l'église : des fidèles qui paient et qui obéissent. » La nature humaine est en partie le reflet de l'ordre social. L'histoire montre que les institutions dominantes assignent aux êtres humains des rôles et des identités qui correspondent à leur nature et qui s'alignent sur leurs besoins et leurs intérêts : serviteurs de Dieu dans l'Église, seigneurs et serfs sous le régime féodal, citoyens en démocratie.

 

            En cherchant à dominer la société (par des moyens comme la privatisation et la commercialisation), les grandes entreprises ne pouvaient que tenter d'imposer leur conception de la nature humaine. Cela donne froid dans le dos, puisque la corporation est conçue, répétons-le, comme une créature psychopathe : uniquement intéressée à elle-même, incapable de se soucier des autres, amorale, sans conscience, inhumaine. Inhumaine, dit Noam Chomsky, et « résolue à tout pour que  les êtres humains avec qui elle entre en interaction, vous et moi, deviennent également inhumains ». « Son but est d'évacuer les sentiments comme le souci d'autrui, la compassion et la solidarité pour créer des individus totalement dissociés les uns des autres, fermés à tout ce qui n'est pas eux.

 

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            Des individus qui n'ont d'autre mesure d'eux-mêmes ni d'autres système de valeur que la préoccupation constante d'assouvir le plus de désirs artificiels possible. Des individus qui consacrent tous leurs efforts à s'endetter pour continuer à satisfaire des désirs qu'ils ne désirent même pas. L'idéal devient donc une société dont la plus petite unité est une personne et une télévision, sans aucune connexion avec les gens.

 

            Pour Chomsky, le « moteur » de la privatisation n'est pas seulement « le profit de Wall Street », mais aussi le désir d'imposer la conception corporative (des grandes sociétés, des multinationales) de l'humanité. La privatisation du système de sécurité sociale, par exemple, vise à miner un principe extrêmement dangereux pour les entreprises, principe selon lequel il est important que la veuve qui habite au coin de la rue ait quelque chose à manger. On vous somme de ne pas vous préoccuper de ce genre de choses. On vous rappelle que vous devez vous consacrer à accumuler les richesses. On vous dit que vous devez tout oublier sauf vous-même. Même chose pour l'école. La privatisation fait disparaître la solidité sociale que suppose le système public, le souci de savoir si tous les enfants vont à l'école. Ce genre de préoccupation doit absolument être éliminé ; tout ce qui compte et doit compter, c'est vous et seulement vous. »

            A cet égard, conclut le philosophe Mark Kingwell, « le citoyen idéal serait une sorte de consommateur démesurément rapace », motivé par « une vision pathologique de son propre intérêt ».

 

            (…) L'idée que certains aspects de la société et de la vie sont trop précieux, vulnérables ou sacrés pour être assujettis à l'exploitation commerciale tend à disparaître. La notion même de l'existence du bien public s'évanouit. On répète de plus en plus que le potentiel commercial est la mesure de toute chose, que les corporations doivent être libres d'exploiter n'importe quoi et n'importe qui au nom du profit, que les être humains ne sont mus que par leurs propres intérêts et des besoins matériels. Ces principes, qui sont ceux du nouvel ordre qui s'annonce, sont aussi dangereux que ceux de tous les fondamentalismes qui ont ponctués l'Histoire.  Les excès auxquels invite un univers où tout peut être possédé, manipulé et exploité au nom du profit finiront par se reproduire.

 

 

 

 

     J'ai puisé ces extraits du livre « Psychopathes et Cie » de Joël BAKAN.

     Ces fanatiques de la main invisible du marché existent bien, et ils entendent bien nous imposer leur vision du monde.

     Ils sont prêts, sur l'autel de ce seul idéal marchand - si demain on ne leur oppose aucun contre-pouvoir - à brûler, à sacrifier tout le coeur et l'esprit humain. 

 

 

 

 

            Odal GOLD   www.odalgold.com

 

 

 

 

         

            Je rappelle mon droit à la paresse, exprimé par Nietzsche...

 

            "Vous qui aimez le travail acharné et tout ce qui est rapide, neuf, inconnu, c'est que vous avez de la peine à vous supporter vous-même ; votre ardeur au travail est une façon de vous fuir, de vous oublier.

            Si vous aviez plus de foi en la vie, vous vous abandonneriez moins à l'instant présent. Vous n'avez pas assez de substance en vous pour savoir attendre, ni même pour vous permettre d'être paresseux."

 

                                                       Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra)

 

 



11/05/2007
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