Cette humiliation de lâche.
Peut-être que je rabâche un peu. Mais c'est que j'ai encore beaucoup à apprendre. Je veux te parler du bonheur.
Le bonheur c'est de voir un beau matin ensoleillé se lever sur les buildings de New York, avec la plage et la mer à coté, et les collègues warriors (guerriers, en anglais) à coté. La santé, la jeunesse. Les grands voyages où l'on a besoin de beaucoup d'argent, demain peut-être ou dans 10 ans, mais là n'est vraiment pas la question. Car un warrior de New York, pas automatiquement destructeur ni antipathique, par un beau matin ensoleillé, n'a pas besoins d'argent. Pour l'instant tout va bien – l'instant est tout.
A coté il y a donc les collègues warriors et les filles, le soleil au zénith et la mer, et puis les avantages de ce que les gens appellent la civilisation : les radios, les cybercafés, les médiathèques, les portables, des gens, et encore des gens, et cette solitude possible dans la multitude des gens.
Vivre c'est prendre parti, et chaque fois que l'on prend parti on perd un peu de sa vie. Les oiseaux croient qu'il n'y a pas de limite. Mais seule l'intelligence des futurs supercomputers de l'espace n'en a pas.
Le bonheur, c'est de se laisser diriger par le cœur. Toi qui es un warrior des villes, tu me comprends.
Mais suivre son cœur toujours, ce serait trop facile, alors forcément à un moment la tête doit primer. A suivre tout le temps son cœur, d'excès de jeunesse, de santé, et de bonheur, à un moment tu rentres dans le mur. Alors tu dois penser, et encore raisonner.
Et c'est cette perte de temps, cette discipline astreignante, cette ombre au plaisir, ce manquement à l'instinct vital, ce profil bas, cette humiliation de lâche, qui te sauve la vie. La tête est là pour ça.
Mais fasse que je ne finisse pas comme un savant ou un prophète !
Je ne peux éprouver aucune sympathie pour ces lâches, qui finissent par se prendre au sérieux, et qui idéalisent même, et vantent leur propre condition.
Odal GOLD